Montrer le sommaire Cacher le sommaire
Les Français le savent : les finances de l’État sont au plus mal. En 2024, le déficit public atteignait 5,8 % du PIB. Pour le gouvernement, il est indispensable de redresser la barre. C’est pourquoi il cherche, pour le Budget 2026, 40 milliards d’euros. Or, les retraités pourraient grandement aider.
Rien n’est fait à l’heure actuelle, certes. Cependant, des pistes de réflexion émergent dans les discussions de l’exécutif. Des pistes qui ne risquent pas de réjouir les retraités. Alors qu’ils ont échappé de peu au gel des revalorisations de leur pension, l’austérité pourrait primer dans quelques mois.
Retraités : vers la fin d’un mécanisme fiscal ?
Puisque le gouvernement cherche à faire des économies sans augmenter les impôts (du moins, directement), il opte plutôt pour une modification des règles. Dans son viseur, notamment : l’abattement fiscal de 10 % pour tous les retraités.
Ce dernier existe depuis 1978 et s’aligne sur l’abattement de 10 % pour les salariés (pour réduire les frais professionnels). Certes, les retraités n’ont pas ce type de frais. Pour autant, cette mesure vise à instaurer une meilleure équité d’un point de vue fiscal.
Contrairement à la déduction des actifs, qui peut être remplacée par la déduction des frais réels, l’abattement pour les retraités est systématique et plafonné (4 399 euros par foyer fiscal en 2025). À titre de comparaison, le plafond de la déduction pour frais professionnels peut atteindre 14 171 euros. Malgré tout, c’est une niche fiscale que le gouvernement envisage de supprimer.
Enjeux et conséquences d’une suppression
Supprimer cet abattement représenterait une source d’économies : environ 4,5 milliards d’euros par an pour les finances publiques. Selon les simulations de l’OFCE, l’impact serait nul pour les ménages de retraités déclarant jusqu’à 19 500 euros de revenus annuels, car ils resteraient non imposables.
En revanche, au-dessus de ce seuil, la facture grimperait : un surplus moyen de 130 euros pour des revenus entre 25 500 et 27 000 euros, 300 euros pour des revenus entre 30 000 et 31 500 euros, et jusqu’à 860 euros pour des revenus supérieurs à 95 500 euros.
Au-delà de l’impôt sur le revenu, la suppression de l’abattement aurait des effets de bord : elle augmenterait le revenu fiscal de référence. Or, cela pourrait entraîner un relèvement du taux de CSG (contribution sociale généralisée) sur les pensions.
En outre, certains retraités pourraient perdre certaines exonérations. Nous pensons, par exemple, à la taxe foncière pour les retraités de plus de 75 ans aux revenus modestes. Autrement dit, une suppression serait lourde de conséquences.
À voir Fin de l’abattement fiscal pour les retraités : l’impact sur votre budget
Arguments et débats politiques
Le gouvernement, par la voix d’Amélie de Montchalin, avance un argument d’équité intergénérationnelle : il ne serait plus justifié que l’âge détermine la contribution fiscale, mais plutôt les moyens réels des contribuables. Elle insiste sur la nécessité de rééquilibrer l’effort fiscal dans un contexte de vieillissement de la population.
Le Medef, principal syndicat patronal, juge l’abattement « aberrant » et « contre-nature ». Pour lui, il n’a plus lieu d’être, d’autant que le niveau de vie moyen des retraités est désormais supérieur à celui des actifs selon certains économistes (comme Sylvain Bersinger, selon Capital). De son côté, le président du Conseil d’orientation des retraites, Gilbert Cette, est également favorable à la suppression de l’abattement.
Mais le sujet divise. À l’inverse, plusieurs organisations de retraités alertent sur les risques pour le pouvoir d’achat. Elles rappellent que l’abattement était aussi justifié par la nature déclarative des revenus des retraités, qui ne peuvent pas bénéficier de la déduction des frais réels, contrairement aux actifs.
Reste à savoir si le gouvernement décidera de cibler plus particulièrement les retraités, ou non. D’autres mesures pourraient permettre de réaliser des économies. Par exemple, victime de nombreuses fraudes, MaPrimeRénov’ risque de disparaître.